Le soldat de plomb massif
demi ronde-bosse et ronde bosse
Le soldat de plomb est en fait un alliage de plomb, d’étain et de bismuth, il est d’abord principalement en demi ronde bosse soit un style de sculpture intermédiaire entre le ronde bosse et le bas-relief. Le ronde bosse quant à lui est en trois dimensions. Avant 1870 la France est globalement absente du marché du jouet des soldats, dominé par l’Allemagne qui exporte sa vaste production en France et au Royaume-Uni. Des fabricants originaires de Nuremberg comme Heinrichsen, Haffner ou de Fürth comme Allgeyer dominent ainsi le marché. Heinrichsen est une marque à l’histoire très intéressante, elle connaît plusieurs époques de fabrications et domine le marché de la seconde moitié du 19ème siècle. Ersnt Karl, Peter Heinrichsen (1806-1888) en est le fondateur, il commence à se former chez différents fabricants et ouvre sa société en 1839. Il devient rapidement le meilleur fabricant de jouet et obtint, preuve en est, il obtient en 1840 la médaille d’argent de la ville de Munich. Il exporte une grande partie de sa production en France. Son fils Wilhem reprend la société en 1869 et arrive grâce à une production de qualité et variée à profiter de la guerre de 1870. Après une courte interruption il continue à exporter en France. Son Petit-fils produit des soldats jusqu’en 1939. Lors de la cessation des activités, il est recensé dans l’entreprise 16 000 moules permettant chacun de réaliser des pièces différentes, on ne connaît aucune marque qui propose un aussi grand nombre de modèles. La situation est telle qu’en 1867, Allgeyer, célèbre fabricant de Fürth, remporte un prix lors de l’Exposition Universelle de Paris. Les petits soldats allemands, les plus abordables et nombreux, sont vendus dans des petites boîtes en copeau de sapin, souvent au poids. Une étiquette indique le contenu de la boîte, ces figurines sont abordables du fait que l’étain est utilisé en petite quantité. Ces sont des figurines plates, n’ayant une épaisseur que de quelques mm et de petite taille (entre 20 et 40 mm). Ces pièces sont peintes de façon simple avec des couleurs brillantes, certains fabricants pour économiser la peinture ne peignent les figurines que d’un seul côté. Les Allemands dominent aussi le marché du soldat en plomb massif grâce aux fabricants suivants : Heyde, Haffner, Noris et Krause qui offrent un très large choix aux clients allemands et internationaux. A partir de 1870, la société française C.B.G commence à produire des petits soldats. Ces soldats sont rapidement primés lors des différents concours où ils se distinguent par leur qualité. Ainsi CBG obtient les récompenses suivantes : Médaille d’Argent en 1878, Médaille d’Or en 1900 et membre du jury en 1889. Petit à petit C.B.G qui propose une large production civile et militaire s’impose comme un fabricant incontournable à l’échelle mondiale. Aujourd’hui c’est l’unique fabricant toujours en activité, preuve de sa qualité et de sa réputation.

CBG Mignot :
Une icône du jouet français et de l'histoire militaire en miniature
Fondée en 1847, la maison CBG (Cuperly-Blondel-Gerbeau) est née de l’union entre Augustin Cuperly, issu d’une famille de bimbelotiers, et Rose Alexandrine Blondel. Si l’entreprise commence par une production généraliste, c’est à la fin des années 1880, sous l’impulsion de Sosthène Gerbeau, qu’elle se tourne vers la fabrication de petits soldats, amorçant ainsi une aventure qui marquera l’histoire du jouet militaire. Installée rue Charlot, dans le quartier historique du Marais à Paris, l’entreprise se distingue rapidement par la qualité et l’originalité de ses figurines. Les récompenses s’accumulent, dont une médaille d’or à l’Exposition universelle de 1900, devenue un puissant argument marketing. Ces distinctions, fièrement affichées sur les boîtes, témoignent du savoir-faire artisanal et de l’excellence de la maison CBG. En 1912, Henri Mignot, arrière-petit-neveu d’Augustin Cuperly, prend les rênes de l’entreprise. Visionnaire, il étend la renommée de la marque bien au-delà des frontières françaises, fournissant des figurines à des familles prestigieuses comme la famille royale britannique. Mignot innove en fabriquant des figurines en "ronde-bosse", des soldats tridimensionnels en plomb massif, élégamment peints et d'une finition remarquable, en réponse à la domination des jouets allemands sur le marché. Cette transition marque un tournant décisif pour l’entreprise, qui parvient à s’imposer à l’international. CBG Mignot élargit également sa palette de produits, proposant des collections qui vont des scènes historiques, comme les batailles napoléoniennes, aux thématiques contemporaines telles que les grandes manœuvres de l’armée française ou les expéditions polaires. La diversité des figurines, souvent présentées dans des boîtes dioramas raffinées, enchante enfants et collectionneurs. La firme excelle à capturer l'esprit de son époque, rendant hommage à des événements marquants comme la guerre russo-japonaise ou les exploits de l’armée française En 1928, la société CBG, après avoir célébré son centenaire, fusionne avec son concurrent historique Lucotte, fondé en 1765, pour former les « Établissements CBG-Jouets ». Cette fusion marque une étape importante, notamment avec l'acquisition de la célèbre boutique parisienne Au Plat d’Étain. Cependant, l’essor de nouveaux matériaux comme l’aluminium dans l’entre-deux-guerres, puis le plastique après 1945 affecte la marque. La marque traverse des périodes difficiles mais est reprise par Édouard Pemzec en 1992, ce qui lui permet de continuer à exister jusqu’à nos jours.
